Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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du bien public qui vous anime. En 1781, j'y rendis un hommage public dans l’ouvrage que je donnai alors. En octobre dernier, j'eus l'honneur de vous adresser mes sentiments sur votre réponse à M. de Calonne, et en janvier je vous témoignais toute ma satisfaction sur votre rapport au Conseil, qui en causa la détermination. Vous connaissez donc les preuves bien sincères de la justice que je rends aux talents Supérieurs qui vous attirent cette reconnaissance publique. »

Il l’entretient ensuite de la nécessité de réformer de fond en Comble le système de la perception des impôts. «Il faut, s’écrie-t-il, les détruire si on veut nous régénérer, » et il lui avoue à Ce sujet, qu'il a été choqué de certaines paroles prononcées par le ministre à l'ouverture des Etats-Généraux; il lui envoie une note qu'il rédigea alors à Versailles, « sur l'avis que me demandaient plusieurs députés.» Malheureusement le plan financier de Butré n’est pas joint au brouillon de sa lettre et nous ne savons donc pas quels moyens il proposait à Necker pour parer à la banqueroute alors déjà menaçante. En tout cas, cette lettre, écrite quelques jours après la fameuse nuit du 4 août, prouve bien que, pour Butré, la question reste, alors encore, exclusivement financière, et qu’il ne voit pas, les yeux ouverts, comment tout un monde s’écroule autour de lui.

Il semblerait néanmoins que le ministre ou l’un de ses secrétaires, * ait encouragé la communication de ces aperçus économiques. En effet, le 27 août 1789, Butré adresse à Necker une nouvelle et longue lettre, à propos de son rapport sur les finances, lu à l’Assemblée nationale.? C’est un éloquent plaidoyer contre les impôts qui chargeaient les plus pauvres des habitants du royaume, et surtout contre celui de la gabelle.

! Butré parle une fois, longtemps plus tard, de la correspondance entre lui et Necker « et son facteur Dufresne ».

? Il s’agit de l’un des rapports faits à propos des projets d'emprunt, votés, soit le 9 août, soit le 27 août 1789, par l’Assemblée nationale.