Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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pis. J’eus horreur, dès mon enfance, de cette vie animale et féroce; je fus mis à sept ans dans des colléges et après ma philosophie, je m'en éloignai pour toujours, à la réserve de quelques apparitions que j'y fis pour étudier l’art agricole comparatif et enfin, après la mort de mon féal père, j'y revins pour vendre le château et me réunir au peuple de toute la terre pour annoncer ses droits si étrangement violés sur tout le globe. » C’est un développement analogue que semble indiquer l’auteur anonyme de la courte notice insérée dans la Nouvelle Biographie générale de Didot: « D'une famille noble et riche, dit-il, Butret renonça à son rang et à ses titres en faveur de son frère puiné, pour se dévouer aux progrès de l’agriculture et travailler au bonheur des habitants de la campagne. »’ Il doit avoir commencé de très bonne heure à manifester son intérêt pour l’agriculture et la culture des arbres fruitiers, car nous lisons dans l'introduction de son travail sur la Taille raisonnée des arbres fruitiers, publié en 1795, qu'il y à plus de cinquante ans déjà qu’il s'occupe en praticien du sujet qu’il traite ici.?

S'il avait ainsi fui le château de ses pères, comme il le dit, on est tenté de croire que c’est en un coin quelconque de la paisible Touraine qu'il s'était fixé dès lors pour se livrer à ses travaux agricoles. Cependant on a quelque peine à comprendre qu'établi de la sorte à la campagne, il ait pu la quitter plus tard pour entrer dans la carrière militaire, et qu'un homme, faisant fi de son rang et de ses titres de noblesse, ait pu figurer ensuite au milieu de la cour la plus élégante et la plus corrompue d'Europe. Il n’en est pas moins certain nous le voyons par la suscription de quelques-unes des lettres à lui adressées — que M. de Butré fut à un certain moment

1 Nouvelle Biographie générale, Paris, 1863, t. VII, p. 907. Il dut garder cependant une part de la fortune paternelle.

? Taille raisonnée des arbres fruitiers, par C. Butret, jardinier. Paris, Dupont, an II, p. 8.