Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

= —

de la compagnie des gardes-du-corps du roi. S'il est permis d'émettre une hypothèse à cet égard, on peut dire que l'abandon de sa fortune à son cadet le poussa à chercher une position qui le fit vivre et que des relations de famille l’amenèrent à Versailles; peut-être aussi que le désir d’être plus près des hommes dont il partageait déjà les tendances économiques, et plus spécialement du chef de l’école qui commençait à se constituer en France, l'ont-ils précisément conduit dans la résidence royale. On sait en effet que c’est sous l'égide du despotisme, à quelques pas des salons somptueux de Louis XV et des boudoirs de Me de Pompadour, que le docteur Quesnay, le « Confucius moderne » comme l’appelaient ses disciples, rendait ses oracles et présidait à la discussion de ses systèmes. Nous n'avons aucunement l'intention d'écrire ici, même en abrégé, l’histoire def l’école et des doctrines physiocratiques. Une pareille tentative nous mènerait infiniment trop loin, et ne présenterait pas d'ailleurs un intérêt majeur, aujourd'hui que les théories de cette secte autrefois fameuse sont tombées dans un profond oubli.‘ Nous rappellerons seulement — ce mot devant revenir forcément bien des fois sous notre plume — que les économistes, disciples de Quesnay, s’appelaient eux-mêmes physiocrates, parce qu’ils prétendaient avoir découvert le système de gouvernement et d'administration le plus conforme aux lois de la nature. La science — c’est de ce mot ambitieux qu'ils caractérisaient l’ensemble de leurs théories — a trouvé d’abord les lois physiques nécessaires et invariables qui forment l’ordre moral évidemment le plus avantageux aux hommes, et en fait découler enfin l’ordre social. Le bien-être matériel est la base indis-

1 Voy. sur les physiocrates en général l’ouvrage de M. Léonce de Lavergne, les Économistes du XVIII siècle, et la Collection des physiocrates, de M. Eugène Daire.

2 Mot formé des deux mots grecs qui signifient l’un nature et l’autre pouvoir.