Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

IX

A la même époque que cette correspondance de Poitiers, appartient également une lettre écrite à Butré par de Mwe de Pailly, la grande amie du vieux marquis de Mirabeau.! Répondant évidemment à une demande de renseignements, relative au sort des manuscrits de son bouillant adorateur, elle nous fournit quelques détails curieux sur le sort des papiers de l’Ami des hommes.

& À Paris, le 23 juillet 1790.

(Je n'ai pas eu le courage de répondre plutôt à votre lettre, mon cher monsieur ; Monsieur de St.-Vincent ? était à la campagne quand je la reçus et j'attendais son retour pour lui parler. Il vous à vraisemblablement écrit dans le même stile qu’il m'a parlé. Alors il est certain que j'ai dix témoins que le notaire est venu contrerôler tous les manuscrits qui lui ont été remis. Il sont mutilés à percer le cœur, en les voyant. Il y a tel livre vert où il ne reste que 6 feuillets. On a tout déchiré et brûlé avec fureur. Poivée * s'est prêté à toute cette indignité avec un zèle qui m’a bien refroidie pour lui, quoique je sache bien me dire qu’il est dans l'esprit de son siècle, où

! Voir sur cette patricienne du pays de Vaud, qui enflamma le cœur du vieux marquis et le brouilla plus encore avec toute sa famille, le chapitre du vol. II de M. de Loménie, intitulé : « Mme de Pailly et la famille du marquis ».

? Il s’agit probablement de M. J.-F. de Saint-Vincent, président au Parlement d'Aix, archéologue provençal distingué, mort à Aix en 1798. L'autre Saint-Vincent auquel on pourrait songer, Robert, le fougueux parlementaire, l’un des meneurs de Vopposition sous Louis XVI, avait déjà émigré à cette date.

* Je regrette de ne pouvoir donner de renseignements sur le personnage en question.