Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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on n’agit plus par des sentiments mais uniquement par des vues d'intérêt. Je ne sais ce qu’il a gagné avec cette condamnable opération, mais je sais des gens qui l'auraient bien payé pour laisser subsister tout ce que votre digne ami avait voulu conserver. M. de St.-Vincent nous lâche dans son dépit; que vouliez-vous que je fisse? M. de Vaillant, qui ne sait pas lire, criait : Brûlez tout! Aussi ont-ils tout brûlé, jusqu’à ce qui ne leur appartenait pas... Ils ont brûlé, comme le reste, toutes les lettres originales. Enfin on m’a narré que nos honnêtes gens ont incendié plus de 1200 livres de papier. Voilà tout ce que je puis vous dire, car M. de St.-Vincent ne cédera pas un chiffon de tout ce qu’on lui à remis. Il m'a refusé un journal qui n’intéresse plus que moi. Ne pensons plus à cela, mon cher monsieur, j'en ai le cœur déchiré et je fais mon possible pour écarter ces douloureux souvenirs. [1 n’y à que celui de mon vertueux ami qui sera toujours présent à mon cœur et à mon esprit; Ceux qu’il a aimés me seront toujours chers et je rechercherai leur société de préférence. C'est vous dire, mon cher monsieur, que vous trouverez toujours en moi une amie sur laquelle vous pouvez compter en toute occasion.

« Vous êtes instruit de reste, de tout ce qui se passe ici. Je ne vous demande pas ce que vous en pensez, mais je serais bien aise que l’état des affaires et les vôtres propres, vous permettent de venir l'hiver prochain voir par vous-même les effets de la Constitution, des opérations sur les assignats et billets de caisse. Je vous conseille d'apporter de l'argent en espèces, car nous n’en avons guère ici et je ne sais, si d'ici à l'hiver, il en viendra beaucoup. En attendant jouissez du repos d'esprit que vous avez le bonheur d’avoir, de votre beau jardin et surtout d’une bonne santé que je vous souhaite de tout mon cœur...»

« Vre M. DE PAILLY. »

Il est temps de revenir à la politique, qui, plus encore que

de nos jours, absorbait alors l'attention de l'Europe toute