Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

DO

on n’est point employé pour les armées. Mais quand on aura pris des quartiers d'hiver, peut-être sera-t-on moins difficile. Si par hasard vous aviez besoin de logement pour quelque chose, vous pouvez prendre celui du bout de la cour, en faisant ôter ce qui est dedans et le faisant mettre dans ma chambre du jardin. Alors ce serait comme un serre-meuble.… Si je meurs avant de vous voir, vous pouvez disposer de tout ce que j'ai, n'ayant aucun héritier, ni personne qui me Soit attaché, à qui je puisse rien laisser. Tout ce que je désirerais, serait de pouvoir retourner finir tranquillement mes jours à Strasbourg. J'ai 69 ans; il serait bien temps de songer au repos... Depuis la fixation du maximum, on a la vie à bien meilleur marché ici. Salut et fraternité « Le citoyen BuTRé.

« Si vous aviez quelque chose à me mander, je loge toujours au palais de l’Egalité, N° 100." »

Enfin, vers la fin de décembre, nous apprenons par une nouvelle lettre à Fritz, que notre économiste a pu reprendre ses occupations favorites et se créer, par ce travail, un gagnepain matériel et une consolation dans les angoisses morales de ce temps.

« Paris, primidi nivôse, l'an I de la République française. (21 décembre 1793). « Citoyen,

« Je te fais la présente pour te demander des nouvelles de ta santé et de celle de toute ta famille, que je souhaite des meilleures. La mienne est assez bonne, Dieu merci, quoique je sois presque toujours dehors à faire des plantations d'arbres fruitiers. Heureusement que nous avons un temps fort doux

1 Notons en passant que, expédiée de Paris le 22 octobre, la lettre de Butré ne parvenait à Fritz que le 26 suivant. Il fallait donc encore à ce moment quatre jours à l’administration des postes pour franchir la distance entre Paris et Strasbourg.