Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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de leur temps comme fort profitable pour leur trésor et comme un énorme soulagement pour leurs sujets épuisés de redevances de toute nature. Heureusement qu'aucun d’eux ne voulut essayer en grand l’expérimentation de ce système qui aurait fini sans doute par l’écrasement de la propriété foncière et la banqueroute publique.

Ces quelques mots étaient indispensables pour faire comprendre les lettres citées dans la suite et qui renferment à chaque page les expressions de produit net, d'ordre social, etc. dont nous tâcherons d’ailleurs d’abuser aussi peu que possible, ces dissertations économiques du temps jadis ne pouvant intéresser grandement un public habitué à entendre discuter des problèmes analogues d’une façon toute différente. Les années passées à Versailles, dans le voisinage et sous linfluence de Quesnay furent décisives pour la direction d'esprit de M. de Butré. Il y devint un adepte convaincu de la doctrine physiocratique et le resta jusqu’à son dernier soupir. Mais ce qui le distingue de la plupart de ses collègues et fait son mérite particulier, c’est qu'il ne se contenta jamais de raisonner théoriquement sur les choses, mais y joignit toujours un esprit de philanthropie pratique vis-à-vis des classes souffrantes de l'humanité. Nous pencherions même à croire qu'il était philanthrope dans l’âme avant d’avoir entendu parler de doctrine économique, et que c’est parce qu'il y découvrit un moyen de faire le plus de bien possible qu’il se rangea sous le drapeau de Quésnay.

Combien de temps séjourna-t-il à Versailles, comme gardedu-corps, dans la société du chef de la secte lui-même ? C’est ce qu'il est impossible de fixer avec les documents dont nous disposons aujourd’hui. On est tenté dé croire que c’est vers 1762 qu'il s’éloigna de la résidence royale, pour retourner en province et y vivre de cette vie rurale qu'il appréciait tant. Du moins nous avons retrouvé parmi ses papiers un exploit d’huissier, daté du 4 avril 1763, par lequel ce repré-