Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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deux mille arbres fruitiers ; ainsi je m'occupe fructueusement pour entretenir l'abondance dans la République. Je désirerais beaucoup de revoir nos jardins de Strasbourg et mon joli appartement, mais il n’y faut pas songer jusqu’à la paix, que nous aurons terrassé tous les despotes, à quoi nos braves soldats travaillent de la bonne façon. Ils en viendront sûrement à bout de cette campagne et la République sera reconnue et respectée de tonte l'Europe. Nous cultiverons librement nos champs et moi je continuerai celle de nos beaux arbres fruitiers, n'ayant jamais supporté cette folie des jardins anglais... Nous sommes fort tranquilles ici et on y vit tout doucement. Je suis ton citoyen « BUTRÉ.

« Je te prie de faire bien mes compliments aux citoyens

Hammerer et Hymli :. »

Au revers de cette lettre, l’honnête Fritz, qui devait être bien à court de papier ce jour-là, avait tracé sa réponse, que nous faisons suivre, en respectant scrupuleusement son orthographe ; elle fera voir au lecteur le degré d'éducation française atteint par la petite bourgeoisie strasbourgeoise, au moment de la Révolution. Encore avait-il pris près de six mois à la méditer et à l'écrire !

« Liberté, Egalité, Fraternité !

« Citoyen, vous m'avez fait bien des plaisirs dans trois letres que j'ai reçue temps en temps de votre par et donc le dernier le 8 prairéal l’anné passé, dans lequel vous me fait mention de votre bonne santé et honorable occupation, en plantant des arbres frutier dans des beaux jardin de Paris, mais point dans des jardins anglais. Je suis de votre part et de même opinion pour l’économie. Je suis donc bien fâché dans moment là que vous êtres si loïn de chez nous, car mon

1 Il faut lire Himly ; M. Fréd. Himly était un négociant en bonneterie, établi alors au coin du Vieux-Marché-aux-Poissons et de la rue Mercière.