Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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qu’un éditeur l’eût payé en numéraire en un pareil moment, et plus probablement ces beaux louis dont ils se séparait avec peine, étaient le dernier reste de quelque capital apporté d'Allemagne, pour acheter des arbres fruitiers en vue des jardins d’Ettlingen.

Ce n’est qu’en juin 1796 que nous retrouvons de nouveau une lettre expédiée à l'adresse de Fritz, à Strasbourg, et donnant quelques renseignements sur l'existence de Butré dans la capitale.

« Paris, 7 messidor, an IV de la République française (25 juin 1796).

« Citoyen,

« J’ai écrit plusieurs fois à Strasbourg, depuis un an, pour savoir de vos nouvelles et de celles de votre famille, sans avoir aucune réponse. Je vous adresse celle-ci, j’espère qu’elle vous parviendra, et pour vous dire que je suis fort dans l'impatience de vous revoir. J’attendais pour cela la paix qui ne doit pas être grande actuellement, par l'embarras des communications et la fourniture des armées. Il paraît que nous jouirons bientôt de ce précieux avantage, que nous attendons avec la plus grande impatience. Mais enfin quelque chose qu’il en soit, je me déterminerai à vous rejoindre cet été. Ainsi je vous prie de n’avoir point d’inquiétude sur ce que je vous dois. Vous serez très-certainement soldé en arrivant.

« Nous ne manquons de rien ici, et assez bon marché, mais en argent, car les papiers n’ont plus de crédit et les mandats ne prennent pas, ce qui fait le malheur de bien du monde, qui ne reçoivent rien qu’en papier. La paix ramènera l’abondance et les métaux et nous procurera à tous un bien-être après lequel nous soupirons depuis longtemps. Que le ToutPuissant écoute nos bons vœux et nos justes demandes pour la félicité et la prospérité de toute l'Europe! J'espère que