Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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que nous désirons bien sincèrement, rectifiera sans doute le mieux les préjugés injustes, et il appartient à l’homme sage de prendre patience et de se prêter à la nécessité des circonstances, surtout lorsqu'on ose en espérer sitôt les plus heureux changements. Persuadé, monsieur, que vous reconnaîtrez dans cette ouverture sincère la confiance que j'ai dans votre discernement, je n’ai pas besoin de vous assurer de mon exactitude à m’acquitter de tous les services qui pourront dépendre de moi et de vous marquer les sentiments de considération avec lesquels j'ai l'honneur d’être, monsieur, « Votre très-humble et très-obéissant serviteur « BARON D'ÉDELSHEIM.

« Vous savez peut-être déjà que la quatrième princesse, Frédérique, épouse le roi de Suède‘ dans 5 ou 6 semaines, ce qui est l’objet de l'absence du prince et de la princesse héréditaire, que ma femme a accompagné à Weimar.

« Monsieur, monsieur Butré, chez M. Hammerer, négociant, près la place du Corbeau, Strasbourg. »

Déçu dans ses espérances de revoir ses pépinières préférées, Butré se préoccupa de rentrer au moins en possession des meubles, livres et habits qu’il avait délaissés tant à Ettlingen qu'à Carlsruhe et qui constituaient désormais la meilleure partie de son avoir. Il adressa donc à M. d'Edelsheim différentes requêtes, que celui-ci fit mettre en effet sous les yeux du Conseil intime du margrave. Elles donnèrent lieu à des recherches administratives sur le sort qu’avaient eu les nippes et les hardes de Butré, mais le résultat de ces recherches fut si lamentable que l'on comprend sans peine pourquoi M. d'Edelsheim ne s’est guère pressé d’en faire part à son correspondant. Comme il eut cependant, cinq mois plus tard, l'obligeance de lui faire expédier une copie certifiée des docu-

1 Le roi de Suède Gustave IV-Adolphe, détrôné le 13 mars 1809, le dernier des Wasa,