Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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Cependant le vieillard reprit bientôt des forces suffisantes pour retourner à la campagne, et nous apprenons même que dans le cours de l’été il se promène, le sac au dos, à travers les montagnes. C’est ainsi que le 29 et le 30 juillet 1799 il visite Obernai et fait de là l'ascension de Sainte-Odile ‘, Sans doute il passa l’automne à Haslach et revint à Strasbourg aux premières neiges. [l ne nous reste de cette époque qu’une seule lettre, mais elle est sortie de la plume de La-Tour-d’Auvergne, le « premier grenadier des armées de la République » et fait honneur à la mâle simplicité, comme à l’aménité du caractère de cet homme d'élite, dont la vie devrait tenir une des premières places dans tout Plutarque français.

«€ Passy, le 8 pluviôse, an VIII de la République française (28 janvier 1800).

« J’ay reçu, mon cher Butret, avec une joye inexprimable, le précieux témoignage de votre souvenir. Je sens, comme je le dois, le prix de tout ce que vous me dites d’obligeant à l'occasion de ma nomination à la place de législateur. Vous ne serez nullement étonné que j'aye préféré l'obscurité dans laquelle j'aime à vivre au sort de ceux qui ambitionnent de frapper les regards du public. Les faibles ressources que j'ai trouvées dans mes talens pour occuper une place aussi relevée, m'ont parfaitement secondées pour me déterminer à ne la point accepter.

« La faveur, la fortune, l'éclat des rangs et des honneurs, ne m'ont jamais éblouis. Je me suis toujours tenu à la place où la Révolution m'a trouvée et l’ai gardée comme le soldat fidèle conserve le poste d’honneur qui lui est confié. Mon âge et mes infirmités m’ayant mis hors de la lice, je vis maintenant ici dans la retraite et dans la plus profonde obscurité, rendant aux Sciences et aux lettres un culte secret; mais comme il fallait que je me déclarasse d’une faction, j'ay choisi celle de

! Cahier des dépenses pour 1799.