Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

éclairés que le moindre changement peut rendre tout-à-coup infructueux ?..…

« P.-S. — Vous voudrez bien excuser ma mauvaise écriture, mais je n’ai point de secrétaire et ne communique à personne mes petits travaux. »

Il y a dans cette lettre une sollicitation indirecte; évidemment, M. de Butré, en parlant des relevés statistiques à faire en France et en disant que «ses facultés » lui interdisaient de faire autre chose que des «vœux stériles », n’aurait pas été fâché de faire naître chez le ministre la pensée d'employer les talents de son correspondant aux frais de l'État. C’est peut-être même afin d'agir plus efficacement dans ce sens que Butré quitta pour quelques mois le margraviat de Bade et s’en vint faire une apparition en Touraine, après avoir sans doute passé par la capitale. C’est de Paris que lui écrivait le marquis de Mirabeau, à la date du 18 décembre 1775, en lui adressant son épître à Tours. Cette pièce, dont nous donnons ici quelques extraits, est la plus ancienne d’entre celles d’une volumineuse correspondance poursuivie avec l'Ami des hommes jusqu’au moment de sa mort.’

« Je commence ma lettre, monsieur, ne varietur, quoique ne sachant pas quand je la finirai, honteux que je suis de n'avoir pas répondu encore à la votre du 3, qui m'a fait plaisir et grand bien et qui est demeurée ouverte depuis sur mon bureau, comme la plus pressée, sauf le courant de devoir. Mais je suis entré dans une nouvelle maison où les détails me fatiguent, outre que me voilà à l’âge où les jours sont courts et les mois longs et puis les plus tristes affaires majeures me poursuivent ici. Toutefois ma chère étude qui m’a soutenu dans toutes les angoisses de ma vie pénible, en faisant diver-

1 Voy. sur le marquis de Mirabeau le second volume de l’intéressant ouvrage de M. Louis pe Loménre, les Mirabeau, nouvelles études sur la société française au XVIII siècle. Paris, Dentu, 1879, &.