Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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plus malheureusement les lettres du marquis de Mirabeau, n1 les réponses de Butré’, de sorte que nous sommes obligé d'être fort court sur toute cette période de la vie du gentilhomme tourangeau. L'année 1781 fut marquée par la publication du plus étendu de ceux des travaux économiques de notre auteur, qui ont vu le jour, Les lois naturelles de l’agriculture et de l’ordre social.® Ce volume, imprimé à Neuchâtel, à l'imprimerie de la Société typographique, dont les presses ont reproduit tant d'ouvrages de l’école encyclopédiste, est comme un catéchisme de la physiocratie. Il est divisé en deux parties, dont l’une renferme l'exposition des lois naturelles de l’agriculture, la théorie des avances nécessaires à la culture du sol et toute une série de données pratiques sur les procédés d'exploitation rurale au xvime siècle, tant en France qu’en Allemagne. Quelle que puisse être la valeur ou le peu de valeur des théories de la physiocratie, on peut voir au moins par ce volume que Butré n’était pas un rhéteur, se contentant de périodes sonores et creuses, mais qu’il « piochait » conSciencieusement la matière, ne reculant pas devant les enquêtes les plus ardues et les statistiques les plus arides. Autant qu'il est permis à un témoin, peu initié aux mystères de la grande et de la petite culture, d’avoir une opinion sur ce sujet, il nous semble que l'historien de l’agriculture européenne, l’économiste s’occupant du passé des classes agricoles, trouveraient dans l'ouvrage de Butré bien des données utiles et curieuses. La seconde partie, qui traite des « lois naturelles de l’ordre social » est plus entièrement théorique ;

1 Les prochaïnes lettres du marquis sont de 1784; la correspondance n'avait pas cessé, mais les pièces intermédiaires ont sans doute péri dans le grenier du vieux Fritz.

? Loix naturelles de l’agriculture et de l’ordre social, par M. ne Burré, des Sociétés royales d'agriculture de Paris, d'Orléans et de Tours, À Neuchâtel, de l’Imprimerie de la Société Typographique, 1781. 172 p. &.