Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

Ro

embrassaient les jarrets de nos chevaux. Je me rappelle qu’un matin nous n'avions campé qu’une seule nuit près de hameaux où l’on avait trouvé beaucoup de paille. Les soldats en avaient dans leurs tentes jusqu'au col. On dut se mettre en marche de bonne heure et on avait battu la générale de grand matin. À la pointe du jour tout était détendu; on fut longtemps dans l'attente, le froid piquait. Quelque soldat s’avisa de mettre le feu à la paille et ce ne fut que le pétillement excessif du grain qui nous fit appréhender que toute la ligne à la fois brüûlait une récolte. L’indignation et la douleur saisit les officiers, on criait, on tâchait d'arrêter vainement. Oh, le vilain métier dans les détails et que ce serait un doux château en Espagne de pouvoir se persuader que l’univers instruit, un jour, n’aurait plus besoin de braves gens enrégimentés que pour (prêter) main-forte à la justice ! »

Cette lettre était adressée à M. de Butré, à l’'Ours noir, à Strasbourg; il y était de nouveau depuis la fin de septembre et s’y installait d’une façon plus définitive, si possible, en achetant un lit et une foule d'articles de mobilier ainsi qu’il appert de ses comptes de ménage. Il demeurait alors déjà rue des Bestiaux, chez le maître charpentier Daniel Fritz, sous le toit duquel il devait plus tard fermer les yeux.

Les séances magnétiques des Amis réunis obtenaient à Strasbourg un succès toujours croissant et une demoiselle Væglin y figurait comme somnambule d’une clairvoyance extraordinaire. Les adeptes badois se trouvaient en grand nombre parmi les étrangers, accourus pour être témoins de ces cures merveilleuses. Nous rencontrons parmi eux un. chambellan et Oberforstmeister du margrave, M. de Kaltenborn (?), un docteur Mahler, de Carlsruhe, un Capitaine de Rosenfeld, ete. Mais le plus enthousiaste de ces visiteurs était le baron de Knebel, qui écrivait à M. de Berstett, en promettant de retourner bientôt :