Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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« Mais surtout ce qui m'a fait le plus grand plaisir, c’est d'avoir tiré au clair la sage part qu'a pris le digne baron.’ Il y à longtemps que je lui aurais dit que les affaires et l’assiduité de la cour tueraient un homme de bronze. « Vrai Dieu, disait Sully, le Roi veut donc me tuer, » quand son maître lenvoyait chercher trop souvent et cet homme robuste et sans exemple pour la force n’était mandé que pour les plus importantes occasions d’un règne et d’une cour où résidaient toutes les affaires fermentant en Europe, toutes les passions comprimées, toutes les irritations sans cesse renaïssantes, les conjurations pleuvant de tous côtés .

« Je vous remercie des nouvelles que vous me donnez de mon pauvre manuscrit. Je suis très sensible à la bonté de notre cher baron... * Je suis fort aise que vous passiez l’hiver en Allemagne; jusqu’à présent il est plus doux que ne l'avait été l’automne; pourvu que nous ne le payions pas après par la perte de la belle saison. Recevez tous mes souhaits de bonne année, santé, travail et satisfaction; c’est ce que je

vous souhaite et bien de tout mon cœur. « MIRABEAU. »

Quelques mois plus tard le marquis lui écrivait une seconde fois, pour s’enquérir du sort de son précieux manuscrit, dont

bien on le fit tomber, sur une jeune fille de 19 ans, Louise Geyer de Geyersberg, créée comtesse de Hochberg bientôt après cette union morganatique. On sait que, grâce à une série d'événements inattendus et restés en partie mystérieux, grâce au décès successif de tous les descendants mâles du vieux margrave, issus du premier lit, ce fut l'aîné des fils, issus de ce second mariage, qui finit par monter sur le trône grand-ducal de Bade, en 1830.

? Il s’agissait sans doute d’une velléité passagère de démission chez Edelsheim, mais qui n’eut pas de suite, peut-être par suite de l’accident mentionné dans la lettre suivante.

* Il s’agit sans doute de l’autorisation donnée par M. d’Edelsheim pour l'impression du manuscrit de Mirabeau dans une des imprimeries du margraviat,