Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale
L'APPLICATION 283
à s’insurger contre elle!. » Ce tableau, tracé d’imagination, est une interprétation toute rationnelle des faits accomplis à Saint- Domingue. Les esclaves, on le sait, ont brûlé 200 sucreries, 1.200 Péibiones. nombre d’indigoteries, guildiveries, etc., causé une perte de 600 et mème, suivant certains, de 800 millions, et l'ile reste en état de guerre; il est clair alors que l’approvisionnement ne se fit plus et que les denrées devinrent « hors de prix ». Si pourtant M. Taine, et les autres historiens qui ont raisonné comme lui, avaient regardé de plus près, ils auraient vu que le renchérissement des denrées fut l'effet, non du défaut d’approvisionnement, qui fut à peine sensible, mais des accaparements, dont on fil une arme politique, et que ce renchérissement dura à peine quelques mois.
Nous ne raconterons pas toute l'agitation qui se fit autour des accapareurs, dans les mois de janvier et février 1792; elle appartient à l’histoire de la Législative. Mais nous pourrons faire cette conslatation : il y avait en France, à la fin de 1791, de si gros approvisionnements en denrées coloniales que les réserves eussent suffi à maintenir l'équilibre du marché lors même que Saint-Domingue
eûtralenti ou cessé plus longtemps ses envois. Un planteur de Saint-Domingue, Delbecq, en demandant protection à à l'assemblée, ne dit-il pas qu'il a en magasin « ? millions de sucre, 1 million de café, 200.000 livres d'indigo et 500.000 livres de coton », produit de sa dernière récolte, qui lui est parve-
1. Origines de la France contemporaine, IT, 192.