Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale
282 L'ŒUVRE COLONIALE DE LA CONSTITUANTE
furent de 28.106.353 livres, et elles augmentèrent graduellement. 11 semble qu'on puisse induire de ces chiffres que les nouveaux tarifs douaniers, comme les nouveaux impôts intérieurs, se percurent avec difficulté et rendirent peu tout d’abord. Mais le système était si jeune, en octobre 1791, qu'on ne peut guère s’en étonner. Ce sera l'affaire de la Législative de faire sortir du nouveau régime fiscal tout Le bien qu'il récèle.
Une chose, toutefois, peut être affirmée et doit d'autant mieux l'être qu’elle contredit des affirmations souvent répétées : c’est que ni le commerce national, ni même le commerce maritime et colonial n’ont été affectés par la réforme et ses suites. A défaut de rapport ou de statistique qui l’établisse, on à le témoignage d’un rapporteur, bien placé pour ètre renseigné. Lafond-Ladebat, en effet, dans son rapport sur le projet du budget de 1792, présenté le 30 décembre 1791, dit nettement : « La culture a reçu de nouveaux accroissements, le commerce intérieur à conservé toute son activité; plusieurs de nos manufactures ont doublé leurs travaux !. »
Pour le commerce colonial on n'a pas semblable témoignage, et la preuve semble plus difficile à faire. Aussi est-ce sur lui que l’on insiste. M. Taine, par exemple, a pu dire qu’à la fin de 1791 les denrées coloniales étaient hors de prix. « Le maçon, écrit-il de son style grossissant, le serrurier, le fort de la halle, privés de leur café au lait du malin, maudissent la Révolution et sont tout prêts
1. Monileur, 1192, n° 1 ; séance du 30 décembre. 1791.