Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
CONSTITUANTE (6 NOVEMBRE 1789) 9
premières lois qui paraîtront seront conçues dans la nouvelle forme présente.
Le ministère devient pénible : il a employé toutes les petites ruses en affectant la cordialité; on lui procure des désagréments, On a été sur le point de décréter, et peutêtre sera-t-il décrété demain, que les ministres sont invités à prendre séance à l’Assemblée nationale avec voix consultative. [On attend] qu’il ait été pourvu sur cet objet par la Constitution. Le but de cette motion est de mortifier les ministres.
[On veut] les avoir chaque jour pour témoins des plaintes et griefs, et pour leur ôter la faculté de tergiverser dans des réponses préparées. Peut-être quelques membres espèrent-ils monter aux places dont ils voudraient bien dégoûter ceux qui les occupent.
Au reste, ce décret, qui embarrasserait les ministres actuels, servirait trop, à mon gré, les ministres futurs, qui paraîtraient toujours à l’Assemblée escortés d’un nombre d’honorables membres dont les suffrages seraient accaparés. Je leur donne à toujours l'exclusion; nonobstant l'usage de nos voisins, l'influence du ministère me paraît plus redoutable que les lumières qu’il peut donner ne sont utiles.
L'établissement d’une caisse nationale est moralement certain, La Caisse d’escompte sera-t-elle transformée ou s’écroulera-t-elle? Quelle est sa situation? C’est encore un problème, M. Necker a proposé un appel des actionnaires de cette Caisse pour fournir 50 millions. Cela est impossible dans son état de détresse et d'incertitude.
L'administration de la police de Paris vient d’être provisoirement décrétée. Les représentants de la Commune agiront plus librement en agissant légalement. Toujours même difficulté pour avoir du pain. On a arrêté plusieurs particuliers accusés d'offrir de l'argent à des boulangers pour ne pas cuire. Il est certain qu'on cuit la quantité suffisante de pain : on l’accapare, on le fait dis-