Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (4 OCTOBRE 1791) 423
à vous résister trop vigoureusement, mais il est croyable qu’ils essaieront leur crédit. Avez-vous fait toutes vos dispositions pour un voyage de long cours? Vous êtes-vous mis sans gîte et sans pied-à-terre à Bernay? 0
Je crois qu'à votre retour vous serez moins embarrassé que moi: vous serez au commencement de l'été et vous aurez une maison de campagne. J'espère qu’alors je pourrai vous offrir un pied-à-terre à la ville.
Maintenant, je logerai à la grâce de Dieu, sous les auspices de l’amitié (1).
Nos administrateurs d'Évreux prétendent que c’est ma faute si je ne suis pas logé : je devais accepter leur plan de convertir l'évêché en séminaire et prendre le doyenné pour logement, La conversion de l'évêché en séminaire était une belle spéculation : j'imagine qu’on avait calculé ce que cela devait rapporter.
« Je crois que je ne vous écrirai plus.
Je suis dans un état semblable à celui d’un homme échappé à un naufrage. Stupeur et lassitude, voilà ce qui est écrit sur le front de presque tous les ci-devant députés. Rien de plus singulier que notre rencontre. Rien de plus singulier que ma destination à voyager et à mener une vie errante.
Je vous verrai avec plaisir, et moi j'irai je ne sais où, faire je ne sais quoi.
Le roi bien décidément, je crois, ne veut pas être de notre religion. Il lui en a coûté furieusement des lampions pour faite oublier qu’il n’allait pas au Te Deum. Je croïs qu’il n’acceptera pas la présentation d’un ouvrage apostolique et d’une lettre au pape que nous avons faite avant de nous quitter, nous évêques ci-devant constitutionnels, aujourd’hui hors la Constitution.
(1) En effet, le département n'avait point encore fourni de logement à l'évêque de l'Eure. Les administrateurs voulaient le forcer à convertir l’évèché en séminaire, ce à quoi Th. Lindet refusait de consentir. Il logea donc à Evreux chez des amis, M. et Mme Passot, qui se montrèrent toujours d’un dévouement inébranlable pour les deux frères Lindet.