Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (6 MARS 1702) 339
Si trente hommes étaient venus à Évreux, ils auraient traîné à leur suite ou plutôt mis à leur tête le département, le district, la municipalité, et enrôlé tous les citoyens qui se seraient laissé mener où l’on aurait voulu. Je demandai que l'état-major s’assemblât, formât un plan de l’emploi de la force publique dans tous les instants, qu’il le communiquât à la municipalité et aux corps administratifs. Cette proposition eut beaucoup de peine à passer. |
J'en fis une deuxième. Je demandai qu'on requit les municipalités voisines de se replier sur Évreux et de se joindre à la force publique en cas de signal ou d’apparition de troupes armées, et qu’on invitât celles qui auraient été forcées de se joindre aux insurgés, de se réunir à la force armée, commandée par les autorités légales.
Aujourd’hui, tous les citoyens seront rassemblés dans la cathédrale pour entendre les orateurs.
La présence des hommes de Louviers fera plus d’effet que les discours langoureux de M. Buzot, et que les feux souterrains et les explosions volcaniques du département.
L'armée insurgente a taxé le blé dans les marchés. Elle a taxé les bois à la marque et à la corde, le charbon, le fer, etc. Vous sentez que MM. Carrayon ont dû manquer d’être pendus : à l'inverse, MM. Levacher doivent être des distributeurs d'argent.
Ces hommes, dit-on, se font dire la messe avant de partir, par les prêtres constitutionnels et non d’autres. Voilà le moyen de les impliquer dans l’accusation : d’autres disent que cette troupe est commandée par un officier de Monsieur. Cette armée va se grossir et fondre sur Paris, se joindre à une autre troupe qui l’attend dans la capitale, pour exterminer l’Assemblée nationale.
J'espère que ce ne sera pas là le noyau de l’armée contre-révolutionnaire : dégarnira-t-on les frontières pour remédier à ces insurrections partielles? Ce serait servir nos ennemis, les ministres doivent être surveillés.