Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (14 MARS 1702) 341
qui ne sauront rien, qui a'auront rien fait; ils auront concerté des dépositions pour se tirer d'affaire.
Voilà une représentation un peu chère, trop bruyante. Si elle ne fait pas honneur aux administrateurs aux yeux des gens éclairés, elle va leur donner un grand relief aux yeux des imbéciles. Elle prouve qu’ils ont eu bien peur ; elle va plus faire qu’ils n’osaient espérer : elle va les ‘délivrer du mépris. Du moins, il y a preuve que le patriotisme n'est pas éteint : les gardes nationales des campagnes à pied et à cheval s'étaient réunis, en nombre prodigieux, aux détachements des villes. Si l’on fût resté un jour de plus en campagne, le pays eût été dévoré.
Je ne sais quand il plaira de congédier tout ce monde : voilà une correction qui coûte plus cher aux correcteurs qu'aux corrigés.
CCXII. — Au même. Évreux, le 14 mars 1702.
Vous avez fait un acte de vigueur, Messieurs. Le renard Delessart est donc à Orléans (1). Puisse-t-on le dépêcher promptement à Léopold! Si l'élection ou la capitulation impériale occasionne quelque grabuge en (rermanie, voilà de l'emploi pour nos émigrés. On soupçonna M. d’Aranda, plus philosophe et plus français que FloridaBlanca. Mon frère (2) est arrivé ici en sa qualité de juré de jugement, et revêtu du grade d’adjudant général du district de Bernay : 12,300 hommes ont formé l’armée de Bernay.
Le département prolonge ici ses terreurs.
M. Levacher est, je crois, bon citoyen : il existe une haine de Verneuil contre Breteuil, une haïîne de Car-
(1) L'acte d'accusation contre le ministre Delessart fut lu par Brissot dans la séance du 14. Les attaques contre Delessart avaient commencé le 10. Moniteur, réimpression, XI, 597, 630.
(2) François Lindet, habitant Bernay.