Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (30 MAI 1792) 351
La mobilité du ministère est une ressource pour nos ennemis. Les dissensions des généraux et des officiers, au moment d'agir, sont une espèce de trahison sur laquelle ils comptent. Les ministres disent : « Tout est prêt. » Les généraux, au moment de l’action, disent : « Tout nous manque. » Tout reste impuni; la belle responsabilité! Les armées ennemies se forment, leurs forces se rassemblent. L’inaction, la défiance, l'opposition entre les généraux et _ les ministres, le discrédit des Jacobins, les divisions de l’Assemblée, dans laquelle il n'existe pas un parti assez fortement prononcé, tout cela met la chose publique en péril.
T1 passe par ici des chevaux de remonte pour le bagage.
Tout le monde a applaudi ici à la prudence des officiers et à la modération des soldats volontaires du bataillon de l'Aisne. Un tambour des gardes nationales, quelques grenadiers, le Loup doré, L'arsonnet(1),Chevalier,sont violemment inculpés d’avoir insulté les volontaires, provoqué le carnage, battu la générale, voulu tirer les canons de chez M. Beautier. Plusieurs coups de sabre ont été portés et parés; un fusil armé a raté et était tiré dans la foule ayant double charge. La compagnie de grenadiers
_est fort discréditée. Tout ce désordre auraît été prévenu si le chef eût été à jeun. Une armée sans chefs, une armée commandée par des chefs opposés au vœu de l’armée, voilà, en grand et en petit, ce que présente la France. Les circonstances feront naître des hommes propres à commander et qui mériteront d’être obéis. Le destin de la France sera dirigé par la masse de la volonté générale.
CCXX. — Au même. Évreux, le 30 mai 1792.
Mon frère, samedi soir, assemblée générale de la commune d’Evreux. On adopta la plantation de l'arbre de la
(x) Sobriquets de deux gardes nationaux de Bernay.