Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

354 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

ét ne me prendront pas au mot. Volontiers, je leur tiendrais parole (1).

Des habitants des Baux de Breteuil vous présentent une requête, qu’ils sont venus à Conches m'engager à vous recommander : vous n’en avez pas besoin.

Si les troubles sont réels, je devrai rester à Evreux; sinon, je pars vendredi matin pour trois courses apostoliques, le Bec, Saint-Clair et Combon. J'arriverai ici la veille du Saïint-Sacrement. Si vous m'écrivez avant cette époque, adressez à Bernay.

CCXXI. — Au même. Évreux, le 31 mai 1792.

Mon frère, les orages grondent autour de vous. L’Assemblée nationale prendra une attitude imposante : la permanence de ses séances annonce le danger de la chose publique. Le vœu national se manifestera. Paris doit être purgé des Autrichiens (2). Le château doit être évacué par les ennemis de la Constitution qu'il renferme, et qui, au lieu de garder le roi, cherchent à l'enlever.

On organisa lentement les gardes nationales; on a oublié de former l'armée auxiliaire. Sa formation devient

(1) Le décret concernant les prêtres non sermentés est du 27 mai. La déportation des prêtres insermentés était ordonnée comme mesure de sûreté publique, dans certains cas, et sous certaines formes déterminées par cette loi.

(2) La question du Comité autrichien, soulevée incidemment à propos de la plainte des ministres Bertrand et Montmorin contre le journaliste Carra, dans la séance du 20 mai, n'avait pas été close par le décret d'accusation rendu contre le juge de paix Larivière (Moniteur, XII, 434). Le 23 mai, Brissot dénonça formellement l'existence de ce Comité, proposa un décret d'accusation contre M. Montmorin, et demanda qu'il soit rendu compte incessamment de la conduite de MM. Duport, ex-ministre de la justice, et Bertrand, ex-ministre de la marine. Le 28, Chabot, prenant texte de l'adresse des officiers municipaux de Saint-Cloud, signala la mauvaise foi de la cour, L'Assemblée se constitua en permanence et tint une séance ininterrompue les 28, 29, 30 et 31 mai (Moniteur, XII, $03 et suiv.), Buchez et Roux, XIV, p. 297. Voir aussi les Révolutions de Paris, n° 10. C'est à ces événements que Th. Lindet fait allusion dans sa lettre du 31 mai.