Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
372 ’CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET
CCXXX VIII. — Au même. Évreux, Le 27 août 1792.
(Il rend compte à son frère des nominations faites d’électeurs. Il est nommé électeur avec MM. Buzot et Vallée par la section du Midi; il a également été nommé avec Buzot dans la section du Nord : il y aura donc lieu de recommencer.| La levée forcée et impolitique des grenadiers a occasionné bien des murmures, a décelé bien des intentions, et procuré bien des dépenses injustes et inutiles.
Si la stupeur ne réduit pas les ennemis à l’inaction, nous aurons quelques désastres aux frontières; maïs ils se répareront ; ils n’'empêcheront pas la charrue de passer sur les ruines du palais du despotisme.
[Il raconte ensuite les explications habiles fournies à la municipalité par M. Grimoard...|
Ces troupes étaient d’abord pour assurer la navigation de la Seine; Évreux était choisi comme le lieu le plus commode pour le séjour de ces troupes qui devaient protéger la Seine depuis Mantes jusqu'à Pont-de-l'Arche; puis, on avait imaginé un prétendu trouble au Pont-del'Arche et on était venu requérir la garde nationale d'Évreux. Louviers était à la porte, maïs il fallait entretenir Évreux dans le désir d'avoir des troupes de ligne. Nos municipaux ont été émerveillés de ces explications; je crois qu’il en obtiendra au premier jour un certificat de patriotisme; il s’est joué de leur imbécillité. Les Suisses venaient pour une expédition funeste. Les ministres de ce temps comptaient certes sur celui qui devait les commander, ou bien ils étaient fous. Voilà ma présomption contre M. Grimoard.