Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan
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Cet écrit eut en Europe un légitime retentissement. Mme de Staël, qui avait témoigné dès longtemps à Camille Jordan une vive affection, conçut pour lui, à partir de ce jour, une de ces admirations passionnées dont les grandes âmes sont seules capables : « Il n'y a « pas ici, lui écrivait-elle de Copper, un être pensant « qui vous ait lu sans être enchanté... C'est avec le « respect qu'on doit à la plus noble des actions que je « vous reverrai. Mon amitié me fera reprendre le ton
a
« familier, mais il me restera, au fond du cœur, de
« l'admiration pour votre caractère et votre talent.-Ne
A
« le perdez pas ce talent; c'est, après mon père, la « dernière voix de la vertu sur la terre. » Camille Jordan s'était fermé l'accès de la vie publique
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pour tout le temps de l'Empire. IL se consola par les lettres, la famille et l'amitié. Reçu membre de l'Académie de Lyon, il y donna lecture de plusieurs travaux sur des questions d’une littérature élevée. On a remarqué surtout ses Etudes sur l'auteur de la Messiade, son Discours sur l'influence réciproque de l'éloquence sur la Révolurion française et de la Révolurion sur l'éloquence, son Eloge de l'avocat général Servan. En même temps, il réunissait les matériaux d'une histoire de la morale et organisait à Lyon une Société des amis du commerce er des arts.
Marié à une Lyonnaise, Mie de Magueunin, il voyait naître et grandir ses enfants sous les frais ombrages d'Ecully. Par des visites réciproques et par une correspondance assidue, il vivait dans l'intimité de Gérando, de Ballanche, de Mathieu de Montmorency, de M"° Réca-