Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

30 mier, de Mm° de Staël, dans ce milieu d'intelligences indépendantes et exquises , seule puissance devant laquelle l'Empereur sentit faiblir son sang-froid.

S'il faut en croire ceux qui l'ont connu (1), peu d'hommes ont possédé au même degré que Camille Jordan, avec les grandes qualités et les vertus sévéres qui commandent le respect, le charme et l'agrément dans le commerce habituel de la vie. Le tour original de son esprit, son ardeur, sa verve, la finesse de ses appréciations, une certaine candeur naïve, tout chez lui, jusqu'à la gaucherie un peu provinciale dont il ne se défit jamais, avait de la grâce (2).! « Ballanche

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« me plaît par tout ce que j'ai de bon dans l'âme, « lui écrivait Mme Récamier, mais vous, vous me plai« sez également par ce que j'ai de bon et de mauvais. « Prenez cela pour une épigramme si vous voulez, « et plaignez-vous d’être à la fois assez aimable pour « plaire à mes goûts frivoles, tandis que vous me pre« nez l’Âme par tout ce qu’il y a de noble et de pur « dans la vôtre. »

Mais l'amitié de M° de Staël était plus exigeante. Elle sentait, avec tristesse, qu’exilé des affaires publiques son cher Camille se laissait aller un peu mollement au courant de la vie. Son âme ardente veillait à l'entretien du feu sacré dans toutes les âmes qui lui étaient chères. Elle applaudit aux travaux de Camille et

(1) Madame Récamier, les Amis de sa Jeunesse er sa Correspondance intime, par Madame Lenormant, p, 11. (2) Rome, 21 avril 1813.