Čovek i inventivni život

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précédait l'apparition des nouveaux plans d'organisation, des nouvelles formations biochimiques, des nouveaux mécanismes physiologiques. D'où cette discontinuité, ces sauts brusques dont nous parlent les paléontologistes et les morphologistes, et que l’on constate presque comme règle générale en biochimie.

Cette particularité de l’évolution organique rappelle de près l’aspect sous lequel apparaissent les inventions de l’esprit humain.

Chaque invention de quelque importance surgit comme quelque chose de nouveau, remplissant d'emblée un rôle ou accusant de nouvelles propriétés. Son apparition semble due à un autre procédé qu’à une évolution lente et graduelle. C’est qu’en réalité, par définition, une invention, pour mériter ce titre, doit pouvoir jouer un rôle et différer sensiblement de ce qui existait déjà, ce qui en exclut une évolution graduelle et insensible. Ainsi la première machine à vapeur devait avoir déjà réuni en elle de nombreux systèmes mécaniques pour pouvoir être rangée parmi les inventions remplissant un rôle. Elle fut l’aboutissement d’un effort d'invention. Il serait vain de chercher des témoins matériels de l’histoire de cette invention, depuis l'observation fortuite du couvercle soulevé par la vapeur d’eau bouillante, depuis la marmite de Papin jusqu’à la première machine à vapeur, comme on peut le faire pour son perfectionnement jusqu'à la machine actuelle, en suivant la route jalonnée par d'innombrables brevets d'invention. Qu'on n’aille pas chercher dans les laboratoires ou les ateliers des inventeurs les séries évolutives de leurs inventions, car parmi leurs modèles d'essais on trouvera des lacunes, des sauts, précisément aux endroits les plus importants de l'invention. C’est que l'invention procède par évolution de la pensée, et que la plupart des stades de celle-ci ne sont jamais matérialisés, car ce n’est que lorsque la pensée a besoin d’un point d'appui, d'une vérification expérimentale pour continuer son évolution, que surgissent les expériences, les essais, les modèles. Tout comme les inventions biologiques, les inventions techniques procèdent par sauts d'une réalisation à une autre.

En réalité, toutes les inventions techniques, même celles qui paraissent jaillir d’un bond, découlent d’une évolution graduelle complète de la pensée. Dans l'esprit des inventeurs de la machine à vapeur, par exemple, il a dû y avoir une continuité absolue, une évolution parfaite, sans la moindre solution de continuité, entre les phénomènes mécaniques élémentaires de l'invention, comme le soulèvement du couvercle d’une marmite sur le feu et l'invention accomplie. L’allure de cette évolution idéale est très variable, brûlant certaines étapes à la vitesse d’un éclair, s’arrétant parfois pendant un temps plus ou moins long pour surmonter un obstacle, mais elle n’en est pas moins réelle.

Retenons cette analogie de plus entre les réalisations biologiques et les inventions techniques : les unes et les autres appa-