Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

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d'émigrés et de décréter qu'il pourra rentrer sur le territoire français.

« Genisseux et Brival appuyent la proposition de Chénier. Legendre demande son renvoi au comité de Législation.

« Boissy (d’Anglas). Il ne s’agit point ici d'amitié, mais de justice. L'ancien évêque d'Autun, dont Chénier a fait un éloge mérité, est sorti de France avec une mission du Gouvernement; ainsi, à n'est pas émigré... je demande que le projet de décret soit mis aux voix,

«N.. Lorsque Talleyrand-Périgord fut décrété d'accusation, j'étais membre du comité des Décrets et je fus chargé de rédiger l'acte d’accusalion. Je demandai, je cherchai partout les pièces qui devaient le motiver; malgré tous mes efforts et toutes mes recherches, je n'ai jamais pu trouver mème un seul renseignement, eé l'acte est encore à rédiger : le fera qui pourra (on rit).

« Les propositions de Chénier sont adoptées au milieu des applaudissements (1). »

Voilà donc comment, aux mois d'octobre, novembre et décembre 1799, et jusqu’en 1794, l'ancien évêque d’Autun avait pu, à Londres même, et à l’instigation de Danton, avec qui il était en correspondance, par J.-G. Recordain sans doute, et auquel il envoyait des mémoires politiques, sans préjudice de sa correspondance avec la Gazette nationale, servir et développer l'entente de l'homme d'Etat de la Révolution avec le parti whig, et engager simultanément, avec le cabinet de Saint-James, les pourparlers qui, comme nous le verrons plus loin, aboutirent à des mesures effectives, prises en vue d’ouvrir avec la France des négociations de paix.

D'autre part, un pamphlet fayeitiste de quatre pages in-12, sans nom d'auteur ni d'imprimeur, intitulé : Lettre & un Anglais sur le district des Cordeliers, peutêtre écrit pour lord Stanhope, et d’ailleurs uniquement consacré à rabaisser et compromettre Danton etses amis, tout le club des Cordeliers, aux yeux des hommes d'Etat britanniques, indique très nettement, — et ceci nous parait digne d'attention, — l’importance que ce groupe

(1) Moniteur, n° 351, primidi 21 fructidor an III (7 septembre 1795).