Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

DANTON EN ANGLETERRE. 27

Millard, qui lui donna asile (2); mais l’ordre étant venu de l'y rechercher et un huissier 8 étant présenté pour l’appréhender au corps, il fallut s échapper.

Des perquisitions ayant pour but de s'emparer de sa personne furent aussitôt faites à Rosny-sous-Bois, où il s'était retiré en quittant Troyes, chez son beau-père, lrançois-Jérôme Charpentier; c'est là que les agents de la police parisienne, qui étaient à ses trousses, maltraitérent son beau-frère, Victor Charpentier, qu'ils avaient pris pour lui. Puis vint l'affaire de Legendre. sk © Voilà comment Danton fut épargné après le 17 juillet 1791.

Mme Roland a laissé dans sa Correspondance une appréciation assez curicuse de la réaction, sorte de terreur constitutionnelle ou feuillantine, qui suivit l'affaire du Champ-de-Mars :

« Encore un peu et vous entendrez dire que le courage de Robespierre à défendre les droits du peuple était payé par les puissances étrangères ; je veux dire que cela se débitera comme un fait constant, car cela se dit déjà. Ge n’est pas, assurément, que je compare l'énergie de ce digne homme aux excès qu'on peut reprocher à Marat ; mais il me semble qu'on se dispose à les juger dans le même esprit et avec la même injustice. Les victimes paraissent devoir être telles : D’Anton (sic), haï par La Fayette, lui est sacrifié par les Lameth; ceux-ci exigent en retour Brissot, qu'ils détestent parce qu'il les a démasqués, et La Fayette le leur abandonne; avant tout Robespierre est sacrifié à la cour par la faction dominante qui se la concilie, et abandonné par les jaloux de tous les partis. »

(1) « A la fin de l'Assemblée constituante, dit le comte Beugnot dans ses Mémoires (T.le', ch. VI, Souvenirs de 1794), après la triste exécution du Champ-de-Mars, il (Danton) avait été décrété de prise de corps. Le décret m'avait été adressé en ma qualité de procureur général syndic du département de l'Aube, pour que je le misse à exéculion, et j'avais reçu en même temps l'indication que Danton devait se trouver à Arcis, chez Jannet, marchand, ou à Troyes, chez le procureur général Millard, c'était bien chez ce dernier qu'il s'était réfugié. » 1