Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

36 . DANTON ÉMIGRÉ.

comme lui, un véritable fanatique, animé d’une double haine contre la France, haine de race et haine de religion : l'honorable Edmond Burke, d'une vie privée irréprochable, dit-on, et d’une véritable éloquence (1).

Ce sont ces deux hommes qui, à des titres différents, et pendant un temps variable pour l'un et pour l’autre, menèrent, avec George III, la lutte furieuse de l’Angleterre contre notre pays; lutte qui, sourde ou déclarée, dura de 4789 à 1815, depuis l'ouverture des états généraux en France, jusqu'à la bataille de Waterloo.

Nous n'avons pas à en retracer l'histoire, mais nous devons cependant donner une idée des emportements du conservatisme ministériel anglais à cette époque.

Voici ce qu'on trouve, après une analyse véritablement fantastique de la situation de la France pendant ses huit premiers mois de révolution, dans le célèbre discours que Burke prononça à la Chambre des communes le 9 février 1790 :

« Cet exemple, dit-il, — ce qui se passait en France depuis mai 1789, — doit affecter toutes les puissances de l'Europe; iln’en est aucune qui ne doive arrêter sur sa frontière et repousser même dans son infect foyer un mal qu’on commence à qualifier assez généralement de mal français, et qui a cela de particulier que la corruption le précède (2). »

(1) Remarque intéressante : mœurs à part, Burke, quant à l'esprit, présente une nature assez analogue à celle de Rousseau ; protestant comme lui et également dépourvu d'instruction scientifique, il débuta dans la carrière de publiciste, à l'instar du sophiste genévois, par Un coup d'œil sur lesmaux qu'a produits la civilisation (1156). Quelques années avant, au sortir du collège, il avait publié un pamphlet anonyme de la dernière violence, dirigé contre un pharmacien de Dublin qui avait émis des vues scientifiques en opposition avec celles du théologisme.

(2) Discours de M. Burke sur la situation actuelle de la France, proroncé par le célèbre orateur, un des chefs de l'opposition dans la Chambre des communes d'Angleterre, le 9 février 1190, lors des fameux débats sur les estimations de l'armée, traduit littéralement de l'anglais et dédié à l'Assemblée nationale (avec cette épigraphe délicate : Jacet ingens litlore truncum, avulsumque humeris caput, et sine nomine corpus). — Broch. in-12, sans noms d’imprimeur ni de lieu.