Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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Le second orateur s’est d’abord plaint avec raison de la manie des spéculations qui, dans le principe, s'était emparée de tout le monde, et parfois aussi de quelques chefs militaires. Il y avait dans cette tendance des inconvénients graves qui n’ont pas tardé à se manifesier. Cependant il est juste de reconnaître que les chefs militaires qui alors prenaient part aux achats de terrain, pensèrent que des acquisitions d'immeubles étaient un moyen d'encouragement pour la eolonisation, moyen très-propre à inspirer la confiance. On doit croire, en effet, que cet exemple, donné par des officiers de tous grades, a décidé beaucoup de capitalistes à entrer dans la même voie; l’exemple fut aussi un encouragement pour les colons, quand ils virent nos chefs militaires se faire propriétaires dans le pays. Depuis le Gouvernement en a senti les inconvénients, et il a interdit aux chefs militaires, mais seulement à ceux qui exercent un commandement dans les colonies, d’y devenir propriétaires.

L'honorable préopinant s’est plaint encore de l’insalubrité et des mauvais choix des points occupés par les colons. Messieurs, il en est de cette expérience comme de beaucoup d’autres tentées dans un pays qui n'était pas bien connu; celle-là a été ficheuse pour le plus grand nombre, c'est-àdire qu’on s’est souvent trompé, et il ne pouvait en être autrement. Mais il ne serait pas juste de dire que l’armée française est occupée uniquement à garder les propriétés des colons; les postes militaires ont été choisis dans un intérêt politique, et nullement dans la vue de la colonisation. Il en est de même des routes, qui n’ont êté longtemps et ne sont encore, pour la majeure partie, que des voies militaires. Sans doute il eût été à désirer que les colons, pressentant tous les dangers de l'isolement, se fussent groupés autour des postes militaires, où du moins à portée de la défense. C'est ce que le Gouvernement aurait désiré ; il a écrit sur ce sujet à plusieurs époques, et M. le gouverneur général, se