Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée

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su les corps d'Afrique conservent un supplément qui n’éxiste oulle part, et qui excède le tarif suivi en lemps de guerre.

L'honorable général, à qui je réponds, a aussi critiqué la manière dont se fait le recrutement des régiments qui servent en Afrique À cet égard, personne n’'ignore qu’il existe de graves difficultés : d’une part, l'impossibilité d’y envoyer des recrues, car ce service exige des hommes bien exercés, et dont la constitution physique ait déjà subi les influences de la caserne et les épreuves de la vie militaire; de Pautre part, la difficulié de remplir les vides laissés par la libération au moyen des ressources du dépôt.

Il est arrivé que, ces dépôts ne pouvant suffire à alimenter leurs bataillons de guerre, l'administration à été réduite à puiser dans les autres régiments de l'intérieur, en prenant d’abord les hommes de bonne volonté, qui se sont presque toujours présentés en assez grand nombre. Cette circonstance est à remarquer; elle vous prouve, messieurs, que lesprit militaire existe encore dans larmée, et que nos soldats ne reculent point devant les périls de tous genres qui les attendent hors de France. On a prétendu que ce mode de recrutement anéantissait l'esprit de corps. Non, messieurs, l'esprit de corps ne se perpétue, ne s’entretient pas seulement par les soldats; c’est surtout dans les cadres d'officiers, de sous-officiers que cet esprit se conserve, et c’est par eux qu’il se transmet dans les rangs. L’honorable général se rappellera sans doute que, du temps de l'empire, les corps de troupes étaient très-souvent renouvelés; toutefois leur esprit se conservait par les cadres, qui en étaient la tradition vivante. Du reste, l'administration est déjà entrée dans la voie indiquée par M. le comte de Castellane. IL n°y aura désormais dans les corps envoyés en Afrique que deux bataillons dont leffectif sera porté à 2,000 hommes ; le roisième bataillon servira de dépôt en France, pour recevoir et instruire les jeunes soldats qui doivent alimenter les bataillons de guerre. C'est ce qui