Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880

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pouvait être encore durable et utile, le chef éminent de la Compagnie put dire qu'en se séparant de M. d’Aleman la Cour avait fait une perte irréparable.

Dans sa retraite, il vivait, au milieu de ses amis, entouré de la considération publique.

Il voyait sa famille prospérer; il savait qu'il avait laissé dans les rangs de la magistrature un fils capable de supporter le fardeau d’une lourde succession ; ilse promettait une vieillesse heureuse. La mort a détruit ces rêves qui charmaient les derniers jours d'une vie bien remplie.

M. d'Aleman a été vivement regretté et il méritait de l'être.

M. d'Astis était dès longtemps miné par la maladie qui l’a tout d’un coup enlevé à l'affection de sa famille et de ses amis. Tour à tour substitut, Procureur impérial, Président du Tribunal de Pau et conseiller à la Cour, il eut la bonne fortune de ne point quitter sa ville natale où il comptait tant d'amis, et où il avait fait apprécier son sens droit et ferme, sa justiceéclairée, sa science des affaires, son ardeur au travail et son inépuisable bienveillance.

Le pays a perdu un bon citoyen et la Cour un de ses magistrats les plus dignes et les plus aimés.

M. Lespinasse nous a aussi quittés, mais il n’est point perdu pour notre Compagnie, puisque le Gouvernement de la République, honorant de longs services rendus à la science du droit et de la justice, lui a conféré la haute dignité de Président de chambre honoraire.

Après avoir exercé quelques années au barreau de Moissac la profession d'avocat, il fut nommé au mois de mars 1841 substitut à Pamiers. Ses débuts y furent remarqués ; ils étaient remplis de brillantes promesses qui devaient se réaliser.