Entre slaves

LA FIN DE L'INFLUENCE RUSSE 311

matinée de congé. Tout ce petit monde criait, poussait des hourrahs en levant ses kalpaks pour saluer les harangues des orateurs et surtout celles d’un nommé Voulchef, tribun populaire qui méritait son succès en ne ménageant pas les épithètes hostiles au général. Tout à coup, quelques-uns s’écrient : le général! le général! Sa voiture approchait en effet, tournait la place et déposait le général à côté des manifestants. Une véritable stupeur s'était emparée de ces derniers. Du coup, le silence régnait, coupant les « hourrahs » en deux. On regardait bouche béante, n°y comprenant rien.

Subitement la frénésie de tout à l'heure faisait place à une attitude respectueuse, à la vue de cet officier envoyé du Fsar, dont l’uniforme jusqu'alors n'inspirai au peuple bulgare que confiance et espérance. L'on formait la haie, les ‘angs s’ouvraient, et les coiffures s’abaissaient sur son passage. Le général, un peu pâle, le regard fixé sur les manifestants, avançait à droite, à gauche, cireulait dans tous les sens, comme cherchant, pour les apostropher, les plus hardis, ceux qui menaient cette foule de braillards.

Enfin, on le vit monter sur la tribune, une grosse pierre, et sa (ête dominant l'assemblée, sa casquette plate enfoncée sur les yeux, il commença à parler.

Les meneurs, reprenant leur sang-froid, s'étaient rapprochés de l’orateur : ils lentouraient; le visage tout rouge, les yeux brillants fixés sur le général,