Entre slaves

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On peut penser dans quelles conditions furent accomplies les élections pour l’Assemblée de Tirnovo.

L'intimidation ne suffit pas. On fit intervenir un mode de persuasion tout oriental : le fouet et le gourdin.

La Régence en usa généreusement sur le dos des gens qui ne pensaient pas comme elle.

Non-seulement dans chaque localité, les partisans ‘de Stamboulof, aidés par l'autorité, rossaient d'importance les individus soupçonnés de pactiser avec la Russie, mais, le gourdin devint un instrument de règne. Les suspects en firent la cruelle expérience. Le préfet ordonnait l'arrestation d’un tel, partisan de Zankof, de Kaulbars, et avant tout jugement, lui faisait distribuer par ses sbires, dans la prison vingt. rente, quarante coups de bâton.

Au jour des élections, il régnait done dans tout le pays une inquiétude, une peur communicative d'être dénoncé par le voisin comme russophile et d'être maltraité par la police. La Régence était tellement pressée, pour toutes sortes de raisons, d'avoir son Assemblée qu’elle ne donnait ni le temps de la discussion, ni le choix des candidats. Stamboulof dressait la liste des députés. Il n’y avait pas à sen ‘écarter. C’étaient des fonctionnaires, des cabaretiers. un certain nombre d'avocats politiciens, amis du régent, quelques paysans, et quelques Turcs. Le préfet recevait les noms pour son district, auquel souvent ceux-ci n’appartenaient même pas. On ne savait