Entre slaves

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LA RÉGENCE DE STAMBOULOF 381

ni où était le candidat gouvernemental, ni quelle était sa situation sociale.

Dans chaque commune, les gendarmes munis de paquets de bulletins de vote à son nom les distribuaïent aux paysans. Ni recensement sérieux des électeurs, ni garantie du vote, ni vérification. Précaution inutile, d'ailleurs, puisqu'aucun nom d'opposition n’osait surgir. Presque partout, les abstentions furent considérables. Détail sans importance, car dans ce cas on ajoutait des bulletins de vote par paquets; dans certains districts, il y eut ainsi trois fois plus de votants que d’électeurs, mais on ne s’arrêtait pas à ces vétilles. |

Jamais l’effronterie électorale ne fut poussée aussi loin.

À Sofia, les gourdins fidèles s'étaient réunis de bonne heure au bureau électoral pour composer le bureau et diriger les élections.

On fit sortir, pour la circonstance, les habitants du village tzigane situé aux environs de la ville, qui vinrent en procession remplir leurs devoirs d’électeurs.

Leur troupe transportait le spectateur en plein pays tzigane. Oh! les jolies têtes à la Callot! Ils étaient deux cents environ, hercules, gnômes, barbes grises, imberbes; deux cents têtes, enroulées de mouchoirs, de foulards, de châles, de toutes couleurs, loques informes encadrant des figures cuivrées, ravagées, d’où deux yeux noirs, brillants, sortaient fureteurs et audacieux.