Entre slaves

382. ENTRE SLAVES

Ces tziganes rouleurs, maquignons, vagabonds, portefaix composaient une partie du corps électoral. Ils en formaient le côté pittoresque, oriental, et exposaient dans cette lutte pacifique, sans déchoir de leur qualité de citoyens, leurs culottes percées, rapiéciées, déchirées, leurs vestes multiples, superposées sur leurs dos et passant par toutes les couleurs de la palette, mais d’une palette brouillée, séchée et gatée.

Enfin, c’étaient des électeurs comme les autres. Ils s’avancaient en riant, en roulant des cigarettes, en causant fort, avec la démarche insouciante de gamins qui .vont s’amuser. Que pensaient-ils? Rien, sinon que le jour du vote était un jour où l’on faisait la fète. Voter pour le gouvernement! Mais tant que l’on voudra. Accessoires obligés des manifestations de ce genre, ils se donnaient en bons enfants à qui en les prendre.

Les changements de régime les inquiètait si peu qu'ils ignoraient que la guerre füt déclarée entre la Régence et la Russie. Autrefois, la s manifestation sympathique devant le consulat de Russie était de rigueur. Ils s’y rendirent par habitude et crièrent force hourrahs au Tsar.

Fureur de la police de la Régence : « Partez « leur criait-on. Ce n’est pas ici, C'est chez Stam« boulof qu'il faut aller ». Très bien, dirent-ils et cinq minutes après, ils poussaient devant Stamboulof des cris contraires.