Entre slaves

386 : ENTRE SLAVES

Des troubles plus sanglants que ceux de la capitale éclatèrent sur plusieurs points. Dans toutes les villes, les passions étaient très agitées, mais à Doubnitza, un drame horrible en fut la conséquence et forma un corollaire sanglant aux tortures infligées par la Régence à ses adversaires.

Dans cet arrondissement, les paysans ne voulaient pas entendre parler des élections.

Une sourde haine régnait parmi eux, depuis longtemps, contre le nom de Stamboulof.

La petite ville de Doubnitza se réveillait le matin des élections, au milieu de la brume.

En: sortant de leurs demeures, les citadins apercurent des groupes tout blanes de paysans, couverts dé toisons, venus des environs, qui S'avançaient el prenaient dans le brouillard un aspect fantastique.

Arrivés sur la place, les nouveaux arrivants se tinrent immobiles, muets, comme des gens décidés à accomplir machinalement une corvée. Qui eût dit, à leur air débonnaire, qu'une fureur effroyable s’emparerait bientôt d'eux?

Elle éclata soudainement, sans que rien ne la fit prévoir.

On venait d'ouvrir le scrutin.

Le sous-préfet Dimitriefl, les anciens députés Christo Grantcharoff, Zograf et le maitre d'école Papouktchieff, s'étaient emparés du bureau.

— Commençons, dit Dimitrieff.

Quelques paysans s’avancèrent üimidement.