Entre slaves
LA RÉGENCE DE STAMBOULOFR 387
De sourds murmures les accueillirent, puis grandissant se changèrent én imprécations, en protestations, en tempête.
— Non! Non! crièrent des centaines de voix. Pas de députés! Ts sont cause que nous payons beaucoup plus d'impôts! Tous des canailles! Ils veulent nous brouiller avec la Russie! Ne votons pas!
Dimitrieff, voulut protester, s'expliquer.
— Tais-toi, c’est Stamboulof qui La envoyé ici!
Les violences s’exaspérèrent.
Le sous-préfet reçut un coup de gourdin à travers le corps. Grantcharof un coup de poing sur la tête. Ce fut le signal de la déroute pour les membres du bureau. ls réussirent à gagner la place, sous les hutes et les coups des forcenés et s’enfuirent épouvantes.
IS disparurent. La masse des paysans enfiévrée, houleusé, hésita un moment sur le parü à prendre, Des cris éclatèrent.
— Tuons-les, tuons-les!
— (ui, oui! Courons après eux!
Le bâton levé, menaçants, ils se précipitèrent en avant, à la recherche des fugitifs.
On crut qu'ils s'étaient réfugiés à la poste.
En un instant, tout fut brisé, saccagé dans le bureau. Le préposé, à genoux, fou de terreur, S'écriait :
— Ne me tuez pas, frères!
L'exaspération des paysans augmentait dans la poursuite.