Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)

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Cette décision nous amène à l'attitude des autorités vis-à-vis des ouvriers. Nous avons vu plus haut que le gouvernement marchait la main dans la main avec les maîtres cordonniers : lorsque ceux-ci demandent l’expulsion de Genève de huit compagnons étrangers qui veulent organiser un mouvement pour une augmentation des salaires, tous ces ouvriers doivent quitter la ville et le territoire « avant trois heures après-midi sous peine de châtiment », et un seul d'entr'eux est autorisé à rentrer.

Lorsqu'il s'agit d'ouvriers nationaux, les autorités genevoises sont moins expéditives. On les oblige bien à obéir aux règlements, mais on leur laisse des délais pour se mettre en règle !.

Dans un cas, celui d’une fille de maître qui, invoquant la Déclaration des droits de l’homme, fait des biscuits en contravention aux règlements, le Département arrête de répondre que ceux-ci « sont formels contre le travail que fait la citoyenne requérante et que l’article des Droits de l’homme qu'elle cite dans sa pétition ne peut l’autoriser en aucune manière. Mais que le citoyen Pictet est chargé de chercher des moyens de transiger entre cette citoyenne et les jurés. » ? ?.

! Cf. l'affaire Leuba. D. A. 1705. 20 juin, 26 juin, 21 juillet. l'affaire des monteurs de boîtes. D. À. 1705. r4et 20 juillet. l'affaire des cordonniers. D. À. 1796. 21 et 31 mai.

2 D. A. 8 décembre 1703.

3 Signalons, en passant, l'esprit de conciliation des jurés monteurs de boites qui décident, le 25 août 1795, lorsqu'ils sont en présence de quatre ouvriers travaillant pour leur propre compte sans avoir été reçus maitres, qu'ils « croient devoir céder — vu les malheureuses circonstances — la portion de l’honoraire attaché en pareil cas à leurs volutions, pour engager ces citoyens à faire chef-d'œuvre », ce que ceux-ci