Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)

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3° Le troisième abus dérive de la non-maïtrise des cordonniers de la campagne. Cela est vrai sans qu'on puisse y voir un abus, et il en résulterait un s’il y avait maîtrise. Si les cordonniers de campagne étaient maîtres comme ceux de la ville, ils pourraient vendre leurs souliers dans la ville, et sous ce titre, nous regorgerions bientôt de marchandises travaillées, non pas par les maîtres de la campagne, mais par cette légion de cordonniers qui peuplent Carouge, Chêne, Versoix, Ferney, les petites villes de la Savoye. Ce titre servirait encore à couvrir la cupidité de tout citoyen brocanteur et courant après les bénéfices de tous les commerces. Alors, avec une petite rétribution par paire de souliers, payée à un maître cordonnier de la campagne, son nom aiderait à l'introduction. Faut-il s'étonner si, sous cet aperçu, neuf cordonniers de Chêne ont signé la pétition! Les pétitionnaires ont-ils le droit, lorsqu'ils convertissent ainsi en abus une disposition que le raisonnement justifie et qu'il est impossible de changer sans opérer un mal réel qui envelopperait dans ses tristes effets tous les cordonniers de la ville, sans aucun bien pour ceux de la campagne éloignés des passages et qui, ne travaillant qu’à des ouvrages grossiers, s'interdissent (sic) le commerce de la ville.

4° Le quatrième abus porte sur les marchands de la ville qui peuvent vendre des souliers.

Et d’abord observons qu'il n'y a d'abus ici que contre les règlements et contre les maïtres, et non pas directement contre ceux qui aspirent à la maitrise, parce que les bénéfices de ceux-ci sont réglés et qu'ils peuvent travailler pour les mêmes marchands. Ne serait-il pas plus grand cet abus s’il n’y avait pas de maîtrise puisque les

uincaillers pourraient vendre toute espèce de souliers, étant alors dégagés des limites stipulées par les règlements qui statuent qu'ils ne peuvent vendre que des souliers pour le premier âge jusqu'à cinq ans, ainsi que des pantoufles de maroguin, souliers fourrés et bottes de feutre : il est donc ridicule de coter comme abus qui gêne l’homme qui se voue à la profession de cordonnier puisque, si la maîtrise n'existait pas, les marchands étendraient leur commerce en ce genre et tueraient, par