Essai sur les dernières années du régime corporatif à Genève : (1793-1798)

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sées de sa faiblesse et de son local, dont le sol est trop resserré, j'ose dire, pour contenir le génie de ses habitants, et qui s’est acquise une célébrité devenue la base de sa gloire comme elle pourrait devenir celle de sa destruction, si la politique la détourne plus longtemps des Arts et des Sciences qui sont le principe de son existence ; une Nation dont le gouvernement à l'abri, faute de moyens, de tout projet ambitieux d’agrandissement. ne peut avoir d'autre objet en vue que le soutien de l’ordre public, le respect des propriétés, la tranquillité des familles ; oui, une Nation dans cette position physique et morale ne doit admettre pour règles de son existence civile que celles que lui prescrivent les circonstances qui la dominent.

Les principes par lesquels un grand peuple vivifie ses ressources intérieures, et développe sa puissance extérieure, ne peuvent pas lui servir de guide, ni la détourner de sa marche naturelle sans un inconvénient majeur. La destruction des maïtrises en France était une de ces opérations à laquelle un peuple nombreux aspirait depuis longtemps, à cause des dépenses considérables qu'il fallait faire pour atteindre au droit de maitre, dépenses qui étaient une espèce de remboursement pour les avances faites, en diverses circonstances, au gouvernement. Le gouvernement devait d'autant mieux adopter cette nouvelle mesure qu'elle lui présentait une nouvelle branche de revenus publics, par l’étatlissement des lettres patentes, offertes indistinctement aux étranuers comme aux nationaux.

Quelle étonnante différence n'existe-t-il pas entre ce qui convient à ce colosse de Puissance et un aperçu de République comme la nôtre! Le régime qui convient à l'une, qui en vivifie les parties. anéantirait infailliblement l'autre. L'affiluence libre des étrangers. de tout ordre, de tout métier, s'adapte parfaitement à la prospérité particulière, et par un effet inévitable à la prospérité publique.

Mais voudrait-on un exemple de l'avantage qui résulte du rapport qui peut exister entre les petites corporations et le gouvernement d'une République comme la nôtre ? Examinons la constitution des petits cantons suisses. C'est là que ces corporations deviennent le lien le plus solide de l'existence politique de ces Etats cir-