Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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nimes à en demander, soit la suppression immédiate, soit au moins la transformation radicale, c’est-à-dire l’uniformité de l’impôt et sa perception aux salines.

Ceux de la noblesse et du clergé reprochent à la gabelle ses perquisitions domiciliaires. la restriction qu’elle entraine pour la consommation, les pertes qu’elle impose à l’agriculture, l’aliment qu’elle fournit à la contrebande, voire même l'inégalité de sa répartition.

Les doléances du Tiers Etat étaient encore plus vives. On en peut juger par l’extrait suivant du cahier Maine : « Au nom de gabelle s’élève un cri général: ce régime désastreux est jugé. Mais il reste à le proscrire à jamais. Il est urgent que cette proscription soit effectuée; nulle loi, nul frein ne pourront arrêter le brigandage, les rapines des employés et des contrebandiers: religion, moralité, tout est détruit au milieu d’une armée composée du rebut de la société. À sa suite, plus qu’à celle d’une horde de sauvages, se voient la dévastation des campagnes, la violation de l’asile des citoyens, les vols, les emprisonnements, les meurtres: hommes et bestiaux, tout devient la victime de cette affreuse invention. Avec l’abolition totale et du nom et de la loi, les hommes recouvreront une denrée de première nécessité, les bestiaux un remède salutaire » (1).

De nombreux baïllages demandèrent la conversion de la gabelle en un impôt direct à percevoir à l’extraction des salines et marais salants, moyennant quoi le commerce du sel aurait été libre; mais la

(4) Archives parlementaires. T. II, p. 649, art. 9.