Étude historique et critique de l'impôt sur le sel en France : thèse pour le doctorat

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commuünément 21 livres 10 sous; en petites gabelles, 33 livres 10 sous:en grandes gabelles, 62 livres environ. Dans ces dernières provinces, le sel se vendait environ 20 fois plus cher que de nos jours; les 12 sous et demi que coûtait alors la livre de sel correspondent, en tenant compte de la variation de valeur relative des monnaies, à la somme d’un franc 25; la gabelle causait à chaque contribuable une dépense d’environ cinq francs, ce qui entrainait pour une famille normale de 4 à 5 personnes une charge de 20 à 25 francs: comme le revenu moyen annuel d’une famille agricole n’était à cette époque que de 200 francs, c'était à peu près le 1/8 de son revenu qu'elle devait verser dans les caisses de l'Etat, pour le seul impôt du sel (4).

Aussi, quel soin jaloux le gabellant apportait à conserver un produit si coûteux! On rencontre encore dans quelques vieux châteaux de Normandie des fauteuils à siège creux, où le propriétaire cachait sa provision de sel, fauteuil sur lequel il s’asseyait habituellement, afin qu’on ne lui dérobât point une si précieuse denrée. (2).

La consommation moyenne, qui était en grandes gabelles de 9 livres 1/6, augmentait rapidement dans les provinces où le prix du sel baissait, ce qui était la condamnation formelle de cet impôt.

Près de 3.500 à 4.000 particuliers étaient chaque année les victimes de « cette étrange constitution ».

(1) De Fove, Variation des prix en France. Economiste français du 8 janvier 1876. (2) D’Avewez, Richelieu et la Monarchie absolue. T. II. p.281.