Étude sur les idées politiques de Mirabeau

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quieu, dans la monarchie anglaise. Quel est l'idéal de Mirabeau ? Ce n’est assurément pas les constitutions républicaines de l’antiquité!. Une chose le choque surtout dans les républiques grecque et romaine, c’est leur ingratitude?. L’ostracisme l’indigne. « L'ostracisme qui n’attaque que la vertu, le mérite et les talents et fait asseoir l'envie à la place de la justice, suffit pour rendre odieuses les dominations républicaines et ce n’est pas la moindre cause de leur instabilités. » Il semble craindre d’en être un jour la victime, lui, qui a du talent et de l'ambition. Il fut en eflet victime d’un ostracisme moral qui provenait de ce que personne ne se fiait à lui. Il professe un mépris tout particulier pour les Athéniens sur qui il ne doit cependant pas avoir fait d'études approfondies. Il méprise leur caractère frivole et nie qu'ils aient jamais été libres. « La démocratie à cette époque, dit-il, était au contraire le partage exclusif d’une multitude insolente et corrompue, avide de plaisirs{. » Il traite avec désinvolture Périclès et Aristote et aime mieux une bonne raison qu'une citation de ce sage®. En revanche, il s’autorise de Solon, de Socrate, de Cicéron, de Plutarque et de Polybe pour condamner la tyrannie du peuples. « Dans les révolutions de la démocratie, remarquet-il, c’est ordinairement le plus méchant qui prospère”. » La nation ne doit pas gouverner par elle-même. « On oublie toujours, dit-il, lorsqu'on parle des effets de la Révolution et des maux de la Constitution, que leur action la plus redoutable est cette pression immédiate du peuple ef, si je puis m'exprimer ainsi, cette espèce d'exercice de la souveraineté du corps de nation, dont l'effet le plus sensible est que le législateur lui-même n’est plus qu’un esclave ; qu'il est obéi lorsqu'il plaît et qu'il serait détrôné s’il choquait l'impulsion donnée. Avec un tel esprit public peu importe que la théorie du gouvernement soit monarchique ou démocratique ; la masse du peuple est tout, ses mouvements impétueux sont les seules lois; caresser le peuple, le flatter, le cor-

. Lettres de cachet, t. I, p. 191.

. Ibid., p. 195.

. Ibid., p. 191, 192, 195, 196, 200, 201, 202, 204 . Lettres de cachet, t. I, p. 413.

. Ibid., p. 193 et 196.

. Ibid., p. 194 à 198.

. Ibid., p. 198.

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