Études historiques et figures alsaciennes

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qui lui dit que « le terme fatal avance à grands pas, et que, à moins d’un miracle, ses prévisions seront bientôt réalisées ».

Le 11 octobre, le comte Haugwitz, avec les fonctionnaires qui l’accompagnent, se rend d'Erfurt à Weimar. Il pensait là être à portée des nouvelles, tout en restant en arrière de la ligne des opérations, c’est-à-dire, être à la fois « instruit et tranquille ». Il fut détrompé le

jour même.

« Nous sommes entrés à Weimar à onze heures, raconte Gentz, et j'ai été frappé de surprise et d'épouvante par le spectacle qui s’est offert à mes yeux. Une bagarre, comme je ne l'avais pas encore rencontrée ; les rues gorgées de troupes, de chevaux, de chariots ; au milieu de cela, des officiers de toute arme, des généraux, des personnes de la suite du roi, que je n'avais pas attendues ici. Les voitures s'arrêtent ; je vois arriver le conseiller du cabinet Lombard, qui, pâle et défait, me dit « Vous ne savez pas ce qui se passe ? Nous avons « perdu la bataille. Le prince Louis est tué1. » — Le tourbillon me porte en avant ; j'arrive à ce qu'on appelle l’Esplanade. Je vois trois ou quatre cents oïficiers de tout grade et de toute couleur. J'y vois aussi des hussards prussiens et Saxons,

1: Le prince Louis-Ferdinand, neveu de Frédéric II, fut

percé d’un coup de sabre par un hussard français, au combat de Saalfeld, le 10 octobre.