Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

12 FERDINAND IV ET LE DUC D'ORLÉANS

pour insister sur le départ de la Reine et demander au Roi de lui en fixer la date. En présence du silence du Roi, Bentinck se rendit en personne le 15 octobre à Ficuzza. Le Roi refusa de le recevoir; toutefois, afin de ménager Bentinck, Marie-Caroline, après avoir fait une courte apparition à Palerme en novembre 1812, consentit à se rendre avec le Roi à Santa-Margherita, une villa isolée situé du côté de Girgenti, à 70 kilomètres au nord de Palerme, puis de là à Castelvetrano (à plus de 100 kilomètres au sud-ouest de Palerme). Mais le 4 janvier, la Reine n'y tenant plus était revenue s'installer seule à Ficuzza.

Pendant tout ce temps, le lord Capitaine général n'avait cessé de déclarer à lord Castlereagh qu'il était impossible de rien faire en Sicile, d'y être tranquille tant que la Reine y resterait. Il avait d’ailleurs réussi à convaincre Castlereagh, qui, dans une dépêche en date du 9 février 1813’, lui communiquait le résumé d’un de ses derniers entretiens avec le Prince de Castelcicala, ministre de Sicile à Londres, entretien au cours duquel il aurait déclaré à ce diplomate qu'il fallait absolument que la Reine se décidàt à quitter à bref délai la Sicile et à se retirer à Vienne.

Il est juste de reconnaitre que les craintes de lord William Bentinck étaient fondées. Il ne s'était pas laissé prendre à l’apparente résignation de la Reine. Il avait deviné juste. Marie-Caroline n'était pas femme à quitter la Sicile avant d’avoir essayé de galvaniser une fois encore son faible mari, avant d’avoir tenté de reprendre le pouvoir et d’arracher la Sicile à l’homme et au gouvernement qu’elle considérait maintenant comme les pires ennemis de sa dynastie et de son pays. Le 6 février, pendant que la Reine avait bien soin de rester à l'écart et loin de tout, le Roi, après avoir passé quelques instants à Palerme, allait s'établir à la Favorita sous le prétexte de s’y livrer à son occupation favorite, la chasse. La Reine avait, tout permet de le croire, habilement manœuvré et réussi à tromper la vigilance; à endormir les soupçons de lord William Bentinck, à préparer dans le plus grand silence le coup d'Etat du g mars.

1. Queen Caroline of Naples, par Oscar Browning, Historical Raview, Juillef 1887