Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FERDINAND IY ET LE DUC D’ORLÉANS 15

moment où, mandé au palais, le duc d'Orléans! se rendit auprès du roi.

Un heureux hasard m'a fait découvrir au Record Office (Foreign Office, Sicily, volume 91, annexe 6 à la depêche n° 16 de lord William Bentinck à lord Castlereagh) le récit que le duc d'Orléans rédigea de cette incroyable et tragicomique conversation des 16 et 17 mars 1813.

Palerme, ce 17 mars 1813.

Hier, 16 mars, à huit heures et demie du matin, je reçus un billet du Roi, dont voici la traduction ! :

Fatemi il piacere di venire al più presto da me, avendo preciso bisogno di parlarvi di cosa che sommamente interessa me e tutla la nostra famiglia. Credetemi intanto sempre lo stesso

Affezionatissimo Suocero, Firmato : FERDINANDO, RE.

« Faites-moi le plaisir de venir au plus vite chez moi, ayant un besoin absolu de vous parler d’une chose qui m'intéresse extrêmement ainsi que toute notre famille. En attendant, croyez-moi toujours le même,

» Votre très affectionné beau-père,

» FERDINAND, ROI. D

Je me rendis immédiatement chez Sa Majesté. Le Roï me dit :

— Je me trouve dans le plus grand embarras.

— Votre Majesté peut dire plus, Elle est dans un danger imminent.

— Eh! je le crois aussi...

Ecoutez, voici ce qui m'arrive. Bentinck m'a fait une note officielle terrible où il me menace de la rupture de l'alliance, d’hostilités, et que sais-je? J’ai fait venir Belmonte pour y répondre, mais il ne veut pas signer le projet de réponse que j'ai fait et dont pourtant j'ai pesé toutes les expressions de

1. « Toutes mes conversations avec le Roi se passaient en italien, mais je les rends en français. » — (Note du duc d'Orléans.)