Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

Napoléon‘. Du reste, sans parler même de ce grief, réel ou sup_posé, sérieux ou imaginaire et d’ailleurs probablement exagéré

pour les besoins dela cause, le conflit était inévitable entre deux êtres aussi dissemblables quela Reineet lord William, elle, essen-

tiellement changeante, nerveuse êt irritable, lui, froid. calcu-

lateur et persévérant presque jusqu’à l’entêtement. Chacun d'eux voulait commander en maître, l’un par intérêt, l’autre par ambilion. La lutte s’engagea entre eux moins d’un mois après l’arrivée de Bentinck en Sicile, à son retour de Messine où il s'était rendu, quelques jours après la mort d'Action, pour se faire remettre par sir John Stuart le commandement des forces britanniques. Aussitôt après les funérailles du vieil homme d'État, l'ambassadeur d'Angleterre avait essayé d’entamer des négociations avec la cour de Palerme. Il avait eu surtout avec la Reine des entrevues assez fréquentes et dans lesquelles il est évident qu'il n'obtint rien ?, puisqu'il la menaça dès ce moment de mesures de rigueur pour le cas où elle ne se conformerait pas aux désirs de l'Angleterre. Il avait insisté sur la nécessité de changer de système, seul moyen d'éviter une révolution imminente, essayé de décider la Reine à laisser les troupes anglaises tenir garnison à Palerme et à lui conférer le commandement en chef de toutes les troupes de l'ile afin de le mettre en mesure d'envoyer douze mille AngloSiciliens en Espagne. Une pareille entrée en matière équivalait, avec une femme comme Marie-Caroline, à une véritable déclaration de guerre. Aultoritaire et hautaine, Caroline ne devait pas pardonner à Bentinck un langage qu'elle n'était pas accoutumée à entendre et qu'elle était encore moins disposée à tolérer dans la bouche d'un homme contre lequel elle était

1. Cf. Blaquière, Letters from the Mediterranean, 1, 529 (cité par Helfert) : « The precise period, at which the first letters between Napoleon and Her Sicilian Majesty were exchanged, is only known to the British Ministry and those persons in the island who are said to have intercepted the correspondence. »

Voir également, dans l'Historical Review de juillet 1887 — Queen Caroline of Naples, par Oscar Browning, — le récit de la conversation entre le général Donkin et le général Goldemar, venu à Messine le 5 février 1812 pour y traiter d’un

échange de prisonniers. Poussé par le général anglais, le général Goldemar lui parla des ouvertures que la reine Caroline avait faites à Murat,

2. Cresceri, ministre résident d'Autriche à Palerme, bien que m’ayant pu réussir à savoir ce qui s'était passé dans ces entreliens orageux, écrivait à ce moment à son gouvernement : « Incominciô Bentinck a trattare colle Maestà Loro di affari che devono essere stati di grande importanza. »

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