Filatelista
Jérome Bourguignat
La poste militaire française et le courrier civil dans les Balkans à la fin de la première guerre mondiale [1]
et article présente la contribution de la poste militaire française à la reprise du service
_ postal pour le courrier civil dans les Balkans après la première guerre mondiale. Il est
basé sur les archives du Service Historique de la Défense (Vincennes) . A l'occasion du centenaire de ces événements, il est intéressant de se pencher sur cette période.
La période 1918-1920 est particulièrement complexe. L'arrêt des combats après l'armistice sur le « Front du Nord-Est » (en France) ne signifie pas la fin de la guerre. Pour affaiblir militairement les puissances centrales, et pour satisfaire le principe wilsonien du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », les Alliés favorisent les volontés d'indépendance des slaves de l'Empire austro-hongrois, qui s'effondre au début de novembre 1918.
La Hongrie se proclame alors république indépendante, espérant ainsi être reconnue comme neutre. C'est sans compter avec les appétits territoriaux des Alliés de la région (Serbie et Roumanie, ainsi que la Tchécoslovaquie au Nord) qui occupent des territoires de l'ex Royaume de Hongrie pour mettre les parties devant le fait accompli. Par ailleurs, la menace « rouge » s'approche dangereusement autour de la mer Noire et contamine la Hongrie dépecée et démoralisée. Les communications, intrinsèquement difficiles dans l'Europe orientale, sont rendues encore plus délicates par les destructions et les pénuries.
Les opérations militaires dans les Balkans se caractérisent d'abord par une avancée rapide des troupes après l'effondrement du front fin septembre 1918. Les unités sont déplacées très fréquemment pour faire respecter les conditions d'armistice, s'interposer entre des alliés devenus rivaux et rétablir l'ordre. Mais les effectifs sont insuffisants pour contrôler ces vastes territoires, dans un contexte de démobilisation et de lassitude des troupes après toutes ces années de conflit.
La poste militaire française essaie de suivre ces mouvements. Dans un premier temps, le courrier est distribué à partir de Salonique, suivant le déploiement des troupes. Cet acheminement est progressivement abandonné au fur et à mesure que les liaisons ferroviaires sont rétablies avec l'Europe de l'Ouest. Particulièrement structurante est la remise en service de l'Orient-Express et son dérivé le Simplon-Orient-Express.
Plus à l'Est, les marines anglaise et française assurent les communications en mer Noire et plusieurs bases de ravitaillement sont ouvertes, par exemple à Constantza pour la Roumanie.
Rapidement, ces services sont mis à disposition des administrations postales civiles dans les différents pays. Curieusement les volumes de courrier semblent faibles, alors qu'on aurait pu s'attendre à une demande massive après la rupture totale des échanges pendant près de cinq ans.
l'orthographe des noms propres reprend celle des archives ; elle peut différer de celle utilisée de nos jours (entre parenthèses, le nom actuel, s'il diffère significativement).